Chers amis, frères et sœurs en Christ,
L’été s’annonce chaud, peut-être brûlant. Aussi brûlant que ce printemps ? Voici quelques réflexions que j’ai eu l’occasion de partager lors d’un culte récent.
« Que brûlent les oppressions »… Ce sont ces mots qui bruissent et menacent sur la façade de la bâtisse d’en face. Ils font partie de ces paroles révolutionnaires que Jésus aurait pu prononcer : « Voyez-vous tout cela ? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée. » (Matthieu 24,2) ; « Et si ton œil droit doit causer ta chute, arrache-le ; mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que d’avoir deux yeux et d’être jeté jeté dans la géhenne. » (Marc 9,47) ; « Quand vous entendrez parle de guerre et de rumeurs de guerres, ne vous alarmez pas : cela doit arriver, mais ce n’est pas encore la fin… en vérité, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. » (Marc 13.7-8 et 30-31).
Alors, quand quelqu’un écrit en gros sur le mur d’en face : « Que brûlent les oppressions »… finalement, pourquoi ne pas imaginer qu’il se fait l’héritier de Jésus ? Jésus : celui qui annonce, celui qui met en garde, celui qui menace. Jésus que certains considèrent comme un révolutionnaire et un pourfendeur d’injustice. Car après tout, le message évangélique et plus largement biblique, est émaillé de ce type de déclarations, d’annonce de libérations. C’est même son thème principal, son thème central : l’anéantissement de toute oppression. La libération de tout esclavage. L’oppression, c’est le mal que Dieu pourrait souhaiter éradiquer de la condition humaine. C’est en tous cas cela que l’humanité pourrait demander à Dieu : « Seigneur, libère-nous de l’oppression de nos ennemis ! » Nous le chantons : « Libres de nos chaînes, Nous marchons vers toi. Ta main souveraine affermit nos pas… »
Revenons à l’appel laissé sur le mur d’en face. Par quel moyen imagine-t-il l’éradication de l’oppression, l’accès à la liberté ? Par le feu : « Que brûlent les oppressions ». On pourrait se laisser déstabiliser par la violence contenue dans ce slogan, mais c’est pourtant bien de la sorte que les textes bibliques en parlent. Le passage à la flamme, et son œuvre purificatrice, est biblique : « L’épreuve de votre foi, plus précieuse que l’or périssable qui cependant est éprouvé par le feu, a pour résultat la louange, la gloire et l’honneur, lorsque Jésus-Christ apparaîtra » (1 Pierre 1.7). Le Visionnaire rapport ainsi l’image de ce qu’il a reçu : « La mort et le séjour des morts furent jetés dans l’étang de feu » (Apocalypse 20.15).
« Que brûlent les oppressions » ? Que brûlent alors, dans l’étang de feu, l’oppression de la mort, l’oppression du séjour des morts…
Ce message subversif existe en germe dans les Écritures, il existe dans certaines prédications chrétiennes. Et cela peut nous mettre mal à l’aise. Nous nous trouvons très loin d’un évangélisme-angélisme-irénisme doux, léger, pontifiant et consolateur. C’est un message de combat qui résonne dans ces mots, dans ces intentions. Mais est-ce un message d’espérance ? Rappelons que tous ces textes sont symboliques, ils mettent en jeu des images et des notions qui sont d’abord conçues pour frapper l’imaginaire, et pour porter un message qui conduit à réfléchir plus loin. En aucun cas pour être pris au pied de la lettre et pour être concrètement mis en pratique ! La question est de savoir s’il revient à l’homme, au nom de Dieu, de mettre le feu, de purifier, d’éprouver, de passer au creuset, de juger et détruire… Je ne le crois pas. Brûler les oppressions, c’est l’œuvre du Seigneur. « Moi, je vous baptise dans l’eau, pour un changement radical ; mais celui qui vient derrière moi est plus puissant que moi, et ce serait encore trop d’honneur pour moi que de lui ôter ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il a sa fourche à la main, il nettoiera son aire, il recueillera son blé dans la grange, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint pas » (Matthieu 3.11-12).
Ouvrons nos vies : après le tri, vient le Souffle, et avec le souffle, le feu. Et ma consolation est dans le feu. Un feu que le monde ne peut recevoir car ce monde ne peut le concevoir, car ce monde a tout le mal du monde – et c’est là son malheur – à se laisser rejoindre par une parole vivante et espérante. « L’oppression est, historiquement, le fait, pour un peuple ou une population, d’être soumis à l’autorité d’un pouvoir tyrannique. Du latin opprimere, (« presser contre », « étouffer »). L’oppression d’un peuple consiste à exercer le contrôle en étouffant les aspirations de celui-ci, provoquant une perte d’espoir, un assujettissement ou la terreur » (Wikipédia, article « Oppression »). La conséquence de l’oppression, et même son objectif réfléchi, c’est l’étouffement. C’est le manque de souffle. Son remède ? La venue d’un souffle nouveau, un tout Autre Souffle, offert au monde.
Je vous souhaite, à tous, un bon été.
Loïc de Putter